Pièce classique du 19 ème siècle, mêlant humour, amour, tragédie, politique et lyrisme écrite par Victor Hugo en 1838 en alexandrins qu'on discerne à peine tellement bien prononcés, dans cette mise en scène moderne et originale de Jacques Weber jouant lui-même Don Salluste.
En voyant tous ces comédiens sur scène, on pense à un travail de troupe. C'est magique, très agréable à suivre, à voir et à entendre.
Peu de décors, des costumes "toutes époques"qui se fondent parfaitement dans la mise en scène.
Les acteurs, les jeunes comme les "vieux" sont extraordinaires: diction parfaite ou presque, jeu intense, Kad Merad est excellent, Jacques Weber, on connaît et Jean-Paul Muel, trop drôle dans son costume écossais et son sac à dos.
Parmi les jeunes, Ruy Blas trouve un interprète nouveau dans le théâtre, plutôt prometteur , Basile Larie et une reine talentueuse en la personne de l'actrice Stéphane Caillard.
Les seconds rôles sont fort bien employés dans des scènes qui mélangent théâtre, danse et musique.
Un spectacle délicieux à conseiller d'urgence.
Annick
Vu Ruy Blas samedi 2 Octobre.
Brève standing ovation de politesse dès l'entrée en scène de Jacques Weber.
En bon "professionnel de la profession" selon le mot célèbre de J.L.Godard, celui-ci investit le rôle sans le transcender toutefois, malgré quelques moments incandescents et d'autres plus linéaires (sa mort quasi escamotée aurait pu être plus actée).
Bref, il fait le métier comme on dit dans le métier.
Kad Merad, joue comme au cinéma - ce n'est pas un reproche - un acteur heureux de jouer et d'être là manifestement dans ce rôle qui le consacre comme comédien complet arrivant à chanter (presque) juste, diction claire et audible (merci Annick pour les bonnes places) sans surjouer ou cabotiner.
Stephane Caillard qui a à peu près l'âge de la Reine , et à qui le texte donne les quelques années manquantes, aurait mérité un Ruy Blas plus mûr. Ce dernier apparaît un peu fluet face à elle en jeune amoureux transi et en donne cependant une interprétation sensible avec une diction toujours perceptible.
Jean-Paul Muel, majordome bouffon parfait en teigneux grimaçant, ponctue d'effets irrésistibles, ce drame absolu dont la farce n'est jamais bien loin, ce qu'avait parfaitement vu Victor Hugo.
Un moment parmi d'autres : "Bon appétit Messieurs ...", tirade illustre -qui résonne encore de nos jours - au mi-temps du spectacle.
Des ministres grimés en grotesques subissant le courroux accusateur de Ruy Blas offrent un moment de théâtre très réussi.
La mise en scène au parti pris d'absence de décor (on y voit jusqu'au fond de plateau avec les éléments techniques) bien que devant se dérouler dans un somptueux palais, n'est pas plus gênante que si elle était jouée en plein air au milieu d'un pré par exemple tant le texte y palie.
Sont présentes quelques ponctuations - dispensables - avec de la musique tac-poum (c'est la mode depuis peu, il y a dix ans on nous collait des vidéos partout, idem à l'opéra).
L'ensemble reste pourtant d'une belle cohésion, les personnages bien hiérarchisés, sans que personne ne tire la couverture à soi, y compris les rôles-titres, dans un bel équilibre finalement.
Un spectacle à voir sans déplaisir.
Gérard.