Galin Stoev a réécrit la pièce de Tchékhov et sa mise en scène, décriée dans certaines critiques, fait apparaitre des personnages obligés de cohabiter sans y parvenir. N’est-ce pas ce qui s’est passé pendant la pandémie Covid ?
C’est un huis-clos oppressant malgré les lignes de fuite du plateau (la réserve, les panneaux coulissants, le couloir, la fenêtre). Chacun y exprime ses rancœurs, amertumes, désillusions et espoirs déçus. Chacun a des raisons de se plaindre sans se rendre compte des souffrances et des attentes de l’autre.
Seul le départ du professeur et de sa jeune épouse mettra un terme au climat rendu explosif pour déboucher sur le très incantatoire « nous nous reposerons » de Sonia qui sonne davantage comme une petite mort qu’une retraite bien méritée.
On frôle la folie par moment et même le piano mécanique n’en fait qu’à sa tête pendant que des poules picorent tranquillement. Un décor fait de bric et de broc (cartons, valises, pneus) donne une impression de chaos, d’un quotidien chamboulé, déserté, au bord de l’apocalypse.
Sans doute que les puristes rêvant de datcha perdue au milieu de forêts russes, de comédiens en costumes d’époque et d’un intérieur cossu seront déçus.
Pour moi, en un mot, une réussite tant la pièce nous parle de problématiques actuelles : l’écologie, le vivre ensemble, l’usure au travail ou le vide abyssal laissé par la retraite.
Je dois faire partie des puristes. Merci Sophie pour ce résumé évocateur.
J'avais tellement aimé voir la pièce en russe à l'Odéon avec un décor de forêt en fond de scène qui nous plongeait immédiatement dans le sujet...
Gisèle
très bien vu, merci. Tu peux lire le commentaire que j'avais écrit l'an dernier sur cette même pièce et mise en scène.