Un homme d’affaires occidental de passage en Chine a trouvé la parade lors de négociations difficiles : il quitte la pièce pour se rendre aux toilettes. Là, règne Mme Ming, dame pipi à l’éternel et inaltérable sourire, pétrie de confucianisme.
La discussion s’engage entre ces deux personnes qui tout sépare à partir de la photo de deux enfants tombée du portefeuille en cherchant un pourboire. Mme Ming lui révèle alors qu’elle a eu…10 enfants. Comment cela a t’il été possible au pays de l’enfant unique ?
Au cours de leurs discussions, Mme Ming évoque avec amour, ferveur et fierté le destin de chacun de ses enfants désormais adultes qui apparaissent sous forme de marionnettes. Pour Mme Ming, ses enfants existent mais existent-ils vraiment ?
Doucement, imperceptiblement, Mme Ming va amener l’homme d’affaires à s’intéresser notamment à son désir de paternité.
Le spectateur est lui aussi amené sur le chemin de la morale de Confucius, de l’introspection, de la réflexion comme de s’interroger aussi sur sa propre médiocrité lors de la rencontre avec une personne perçue comme médiocre.
La mise en scène inventive et parfois drôle, la magie des marionnettes, la beauté de la musique jouée au violon, les pensées de Confucius et le beau texte de Eric-Emmanuel Schmitt font de cette pièce un moment de théâtre riche.
Xavier Lemaire qui a adapté et mis en scène la pièce était présent et a pris le temps de nous expliquer son travail et de répondre à nos questions à l’issue de la représentation. On en redemande !
Bande-annonce de la pièce
Dans cette pièce, l'auteur s'attache, par petites touches délicates à évoquer l'histoire de "Madame Ming, mère de 10 enfants qu'elle n'a jamais eus".
Comment cela se peut-il?
Alors, l'auteur va nous entraîner dans un dialogue simple mais superbe entre la "Dame pipi "de l'hôtel chinois où séjourne un homme d'affaires , Monsieur Moi.
Que vont pouvoir se dire, d'une part, la mère de 10 enfants exerçant une tâche si peu considérée et Monsieur Moi, qui prétend être père de 2 enfants?
Madame Ming, profondément marquée par le confucianisme , malgré les violents bouleversements dans sa vie, nous livre une personnalité fragile en apparence mais douée d'une force morale inaltérable basée sur la sagesse. Aucune revendication ne filtre de ses propos Son humilité et sa bienveillance illuminent le spectacle d'une rare dignité . Monsieur Moi, quant à lui, se laisse toucher par les énoncées des vérités liées au confucianisme mais aussi à l'expérience de la vie de Madame Ming
Malgré ses rodomontades et son ironie, l'homme d'affaires écoute de plus en plus attentivement l'histoire de la famille Ming, dont les portraits plein d'humour, de fierté et de sensibilité le touchent.
L'imaginaire et le réel ont construit le monde de Madame Ling. Monsieur Moi ,quant à lui, va réfléchir à sa manière de bâtir sa vie, bien réelle sûrement ,mais dans laquelle le rêve gardera toute sa place.
La mise en scène de ce spectacle un peu magique , la belle musique omniprésente font de la nouvelle d'E.E.Schmitt un spectacle bienfaisant car il émerveille et émeut le spectateur.
Madame Ming brouille les pistes avec une certaine "candeur", en fait ses citations nous donnent à réfléchir...confrontant cette philosophie au monde actuel, de la Chine, du nôtre? elle s'invente une famille pour nous raconter sa vie sous Mao?, nous nous laissons surprendre par ce texte..
Bravo pour la mise en scène de Xavier Lemaire, et merci à lui de nous avoir éclairés sur ses intentions lors d'une discussion improvisée à la sortie...
Claudine
Sophie a expliqué l'histoire et le plaisir de discuter avec le metteur en scène, Xavier Lemaire, artiste prodigue et enchaîné à son métier de "théâtreux".
La pièce est touchante et drôle et interprétée avec bonheur par Isabelle Andréani dans le rôle de Madame Ming et Benjamin Egner dans celui du Businessman français.
Mais pas que: bravo également à la violoniste et à la marionnettiste qui grâce à son talent fait vivre la famille de Mme Ming et d'autres personnages.
La vision de la Chine communiste est très claire et montre que la vie nécessite plus d'amour et de sensibilité....ce que le businessman comprendra, l'argent et les voyages ne suffisent pas.
C'est une magnifique leçon de vie et d'amour que nous font vivre, non seulement Confucius....vite....allons lire ses pensées, mais l'auteur Eric-Emmanuel Schmitt et le metteur en scène.
Fin janvier, nous pourrons les revoir au théâtre Rive gauche. Longue vie et succès à leur spectacle.
Annick