Une pénombre accueille le spectateur qui entre dans la salle. Le plateau est fermé par un voilage sur lequel une phrase s’affiche mais il manque des mots, qui apparaissent puis s’effacent : « Plutôt …r que le front populaire » finit par apparaitre. Le mot se terminant par « r » s’affiche enfin, en dernier : Hitler !
Le ton est mis : « plutôt Hitler que le front populaire » et la pièce commence par le procès de Brasillach, mort fusillé en 1945. S’en suivent des flash-backs en mettant en scène des écrivains, journalistes, des hommes politiques, tous ceux qui auront promu le fascisme en France dont les racines plongent dès les années 30 : Déat, Henriot, Céline, Laval (…) L’accent est mis sur le rôle que ces « intellectuels » ont tenu dans la montée du fascisme, de l’antisémitisme, de l’antibolchevisme et sur l’écho qui a été donné à ces thèses dans les livres, les journaux, la radio. Un thème âpre a priori, rarement abordé sous cet angle et surtout de cette façon.
Moins qu’un récit, il s’agit de mettre en scène à grand renfort de vidéos fort judicieuses des temps forts de l’occupation jusqu’à la libération. Le STO sera évoqué, la rafle du Vel d’hiv’ et le groupe Manouchian mais aussi le désarroi de paysans dont les récoltes sont réquisitionnées ou l’opportunisme de deux concierges.
Le ton est souvent en décalage par rapport au sujet comme cette scène qui tourne à l’hystérie où Pierre Laval joint plusieurs personnalités par téléphone simultanément pour constituer un gouvernement.
Une pièce qui donne à réfléchir quand on est à quelques jours des élections européennes et de la commémoration du débarquement mais était-il nécessaire de mettre des comédiens nus ? Loin de soutenir le propos, j’ai surtout eu l’impression qu’ils empêchaient de retenir toute la quintessence du texte.
Quelques 8 comédiens, tous excellents, qui endossent plusieurs rôles dont, et cela devient habituel, ceux des hommes tenus par des femmes mais aussi capables de chanter ou de jouer d’un instrument.
Bref, une pièce dérangeante, qui interroge sur le ton de la dérision et qu’il aurait été dommage de manquer.
Dommage que nous soyons de moins en moins nombreux à aller voir les pièces qui ont du sens et font réfléchir. C'est aussi ça le théâtre et surtout ça!
Edelweiss monté par Sylvain Creuzevault, directeur du théâtre de Bretagne s'empare de la période fasciste de la France, de 1937 à la fin de la seconde guerre mondiale.
On y rencontre d'excellents comédien(ne)s interprétant de fabuleuses ou monstrueuses figures de l'histoire, écrivains, artistes, hommes politiques suppôts du régime de Vichy mené par Laval et ses ignominies.
Mais pourquoi ces intellectuels choisissent-ils Hitler et la collaboration? Pour vaincre le judaisme?, le bolchévisme?
Le spectacle se déroule en plusieurs saynètes indépendantes qui font allusion aux événements et aux personnages ignobles qui ont marqué cette époque. Attention, ces horreurs peuvent se reproduire!
On rit, on se moque de ces fascistes dans cette mise en scène qui a choisi la farce pour faire face à la barbarie.
Signalons le magnifique tableau de Brueghel l'Ancien qui montre sur le rideau les horreurs de la guerre.
Annick