Comment résumer et faire passer au lecteur la quintessence de cette pièce énigmatique de Koltès?

On assiste à la rencontre de deux hommes (un dealer et un client) dans un décor minéral lugubre très noir, comme carbonisé. Le dealer entame un échange, qu'on ne peut qualifier de dialogue, dans un langage hermétique, difficile à interpréter, sur le sens de la vie et sur les relations humaines. Une sorte de huis clos dans un extérieur froid et hostile.

Cette joute verbale énigmatique traduit une absence totale de communication entre les deux hommes, l'impossibilité de comprendre ou accepter la pensée de l'autre (la main physiquement tendue et sa veste proposée par le dealer sont refusées par le client). Les échanges traduisent l'impossibilité de développer ou partager le moindre sentiment entre deux humains.

La mise en scène de Kristian Frédéric rend parfaitement cet isolement des personnages: le dealer reste très statique perché sur son rocher tandis que le client est prisonnier de son état. Il a le pied entravé, pris dans un patin fixé sur un rail (le rail unilatéral de sa vie, son enfermement qui le mène à la mort). J'ai noté la position dominante du dealer par rapport au client en contrebas. Koltés veut-il évoquer une critique de notre société???

L'auteur nous livre une vision nihiliste des relations humaines et du sens de la vie mais soulève mille et une questions sur notre condition humaine et la société du vingtième siècle. Solitude de l'être humain? Difficulté de la rompre? Communication, compréhension entre les êtres? Dominants et dominés..........

J'ai beaucoup aimé le décor de Bilal en accord parfait avec le sujet et la prouesse des deux acteurs à mémoriser un texte hermétique très difficile qu'ils ont délivré avec une parfaite diction.

Intéressant à découvrir mais très ardu!

Catherine Malandain