Pas de scène, pas de décor, (presque) pas de lumière, pas de musique mais seulement deux comédiennes, deux valises et le texte du roman éponyme de Julie Otzuka, prix Femina 2012 pour célébrer la journée internationale du droit des femmes.
L’histoire ? Celle de millier de femmes japonaises mariées par procuration, souvent pour échapper à la misère et qui vont traverser le Pacifique au début du XXème siècle pour rejoindre un mari dont elles n’ont qu’une photo. On les a appelé les « picture brides ».
La traversée sera éprouvante ; beaucoup voyait la mer pour la première fois. La valise devient le bateau, les couchettes, le pont… Autant de lieux pour la peur, l’angoisse et les mille questions qu’elles se posent face à l’inconnu qui les attend.
Les hommes présents à leur arrivée ne ressemblent en rien aux photos, n’ont ni la belle situation ni la maison décrites et le rêve s’écroule : brutalité de la nuit de noce, travaux des champs harassants dans un pays dont elles ne connaissent pas la langue, les usages. Les grossesses qui s’enchainent.
Et l’espoir à jamais déçu de pouvoir faire le voyage retour.
Après l’attaque de Pearl Harbor, ces populations vont être déplacées jusqu’à disparaître comme si elles n’avaient jamais existé.
J’ai particulièrement aimé que les comédiennes ne cherchent pas à se grimer en japonaises avec un kimono par exemple mais ont simplement porté le texte comme un témoignage universel et un hommage à ces histoires souvent méconnues. Un moment très fort, combien même j’avais lu le livre, où l’émotion mais aussi la dignité de ces femmes étaient palpables.
Du théâtre à l’état pur, un moment de grâce.
Qui écrit ce commentaire qui complète celui de Sophie ?